Je peux regarder devant, en chantant ce qu’on m’a pris
Le Militaire regarda le petit rougir, sans se dire un seul instant que s’il était un futur élève, il allait devoir s’en occuper en tant que surveillant de l’Académie. Et pis de toutes façons, Matt n’avait pas encore mis un fichu pied sur cette île donc ils allaient se calmer sur ses fonctions professionnelles ! Humpf. Munga, son chat noir en écharpe autour de son cou, fit bouger un pan de sa queue et le Militaire s’apprêtait à appeler Puru qui avait dû se perdre dans le Train – quand bien même il avait un meilleur sens de l’orientation que Matt, attention jeunes gens n’insultez pas Puru ainsi ! – mais le petit se mit à parler. Notre Gamin se mit dans la position du Penseur de Rodin pour une écoute optimale des mots de... euh... du petit rouquin aux cheveux chamallowés.
- « Toutes ces choses ont l'air vraiment intéressantes mais ma principale raison de ma présence ici c'est... une nouvelle vie. Et je ne vais rien lustrer du tout. Matt applaudit très fort – et très puérilement – cette nouvelle. Mais merci... je crois ?
- Avec plaisir ! Et tu fais bien de ne pas les lustrer. Une si belle chevelure, franchement ce serait du gâc-... Le ton du Militaire devint glacé, perdant toute puérilité d’un coup. Munga. Tu laisses mon cheveu tranquille tout. de. suite. »
Sitôt la mèche laissée tranquille par un chat ronronnant qui se rendormit aussi sec, sitôt la gamineté de Matt revint tel un tsunami. Avec un sourire satisfait, il regarda le petit rouq- Liam continuer de lui répondre. Le Bleuté hocha la tête aux informations qui lui étaient données, ravi qu’il acceptât sa sucette griotte-menthe – un délice que ce parfum ! –, avant de prendre un minois scandalisé et de poser la main de la révolte indignée sur son torse.
- « Excusez-moi votre Honneur j’ai mal entendu. Tes QUOI t’ont mis dehors suite à QUOI ?! Munga, qui avait feulé lors de la révélation de Liam, feula plus fort à la question de Matt. Je suis d’accord, Munga, voilà qui demande AU MOINS un procès. Nan mais c’est quoi ces gens qui mettent leur... Hm. J’suis sûr que c’est un coup du karma chamallowesque. Ou alors c’est le Seigneur Chamallow qui est venu en aide à Liam, Munga. Ça reste sacrément culotté que de tels... êtres ! soient capables d’une ignominie pareille. Juste à cause de ton don ?! Mais quelle indignité ! Un des deux est forcément doté en plus ! Gfmblrlblblr... »
Notre Gamin en croisa même ses bras sur son torse tout en continuant de ruminer dans son coin, après s’être excusé auprès de Liam de l’avoir interrompu. Notre Gamin fit aussi mine de ne pas avoir entendu le grognement gastrique du petit rouquin de tantôt. Et... à sa question de montée, la réponse de Liam le fit éclater de rire en applaudissant très fort. Et en plus le petit prit la peine de lui donner une réponse sérieuse ! Matt essuya une larme de rire qui perlait de son œil, puis une deuxième, une troisième, une quatrième, avant de décider que tout essuyer avec sa manche serait plus rentable.
- « Pardon pardon, hihi. Je me calme, cinq secondes. Il respira profondément cinq secondes et son hilarité disparut. Je suis Matt Reeds, je suis surveillant à l’Académie et au Pension...nat... oh merde ! T’es un élève, toi, non ? Quelle classe ? Oh cornegidouille ! »
Ouais, heureusement que les deux parlaient anglais depuis le départ... Le Gamin ressortit son dépliant de Surveillant, constatant qu’il devait faire passer un test informel à Liam quant à son pouvoir. Le test pouvait se faire à l’insu de Liam ou non, sauf que Matt n’était pas en position discrète et n’avait pas un don lui permettant d’évaluer d’autres dons sans se faire repérer. Quoique, ça se discutait, mais la discrétion demandait de l’énergie et il ne l’avait pas actuellement. Pas pour ça, du moins. Il rangea le dépliant, tournant vers Liam un regard d’espion expert. Pile à temps pour voir une charmante bestiole faire savoir sa présence, une charmante bestiole étant...
- « Un scorpiiiiiiiiiiiiiion... ! Voix émerveillée de Matt, si enfantine et ravie que son exclamation ressemblait presque à un chuchotement.
- Aïe ! Espèce de bestiole du Di... Ah... Ah... J'ai dit ça à voix haute ? Liam, simultanément avec le ravissement de Matt.
- Oui. Je savais bien que tes cheveux étaient chamallowés ! Ah d’ailleurs, en tant que Surveillant je dois aussi évaluer le niveau de ton don et... ah non. Alors là non. C’est pas possible... ! »
La voie professionnelle était si bien partie, et lancée ! Qu’est-ce qui avait pu faire déraper notre Gamin ? L’étiquette des sièges. Qui auraient été fabriqués avant notre ère. Des sièges aussi modernes, fabriqués avant notre ère. Des sièges dont le tissu avait une technologie textile avancée... fabriqués avant notre ère. Des sièges qui leur permettait d’avoir la sensation d’être confortablement installé sans ressentir les mouvements du Train, la pression due à sa vitesse ou autre... AVANT NOTRE ÈRE. Et pas quelques années avant, bien sûr que non... UN MILLÉNAIRE AVANT !
- « Comment de tels sièges peuvent avoir été fabriqués avant notre ère ?! EN -1007 AVANT NOTRE ÈRE ?!! C’est du foutage de gueule, c’pas possible... Bref ! Matt frappa dans ses mains, retrouvant son minois enfantin tout gaminement joyeux. Reprenons l’examen de ton don, on pourra examiner cette affaire plus tard. Tu peux m’en dire plus sur ton pouvoir ? T’en fais pas, je répéterai rien, j’ai une clause de secret professionnel ; ça fait juste partie de ce que je dois faire. Apparemment. Matt se gratta la tête et montra le dépliant à Liam. ’fin, c’est marqué sur le récapitulatif de mes fonctions, donc tant qu’à être bloqués deux heures ensemble, autant rentabiliser le temps. Je t’écoute, Liam ! »
Il fit le geste de lui passer un micro ( imaginaire ) pour lui laisser la parole et le regarda, son corps tourné vers lui, très attentif à ce que le petit rouquin allait lui répondre. Très attentif au paysage aérien et à l’oiseau qui s’était posé – dehors – sur le rebord de la fenêtre pour se reposer les ailes, aussi. Matt avait le chic d’avoir une attention certes dispersée mais très attentive quand même. Le talent d’un gamin, que voulez-vous...